Enjeux & Prises de Position
Tout savoir sur la gestion de l’eau en agriculture : comprendre les enjeux pour mieux agir
Contexte
L’eau est essentielle à la vie et constitue la condition première de toute culture végétale. De la germination à la maturité des cultures, la disponibilité en eau, en quantité suffisante et de qualité, est cruciale en agriculture. Pourtant, cette ressource vitale est aujourd’hui soumise à de fortes pressions à l'échelle mondiale. Le changement climatique, les sécheresses récurrentes, les inondations, la croissance démographique et les tensions entre usages agricoles, domestiques, industriels et milieux naturels placent la gestion de l’eau au cœur des enjeux agricoles.
Quel rôle fondamental l’eau joue-t-elle dans l’agriculture ?

L’eau est essentielle à la vie végétale, notamment dans la photosynthèse, processus par lequel les plantes transforment la lumière en énergie grâce à l’eau et au dioxyde de carbone. Elle assure aussi le transport des nutriments essentiels à la croissance et influe sur la qualité du sol et des cultures.
Un apport insuffisant ralentit la croissance, réduit les rendements, voire compromet la récolte. La disponibilité en eau, soumise aux cycles naturels, rend l’agriculture vulnérable aux aléas climatiques.
Si l’eau est une ressource universelle, sa répartition est très inégale à travers le monde.
Certaines régions du monde bénéficient de pluies abondantes, d’autres souffrent de sécheresses persistantes. Cette disparité touche les nappes souterraines comme les eaux de surface, et impacte différemment chaque territoire selon son climat, ses usages et ses capacités d’adaptation. Le sud de l’Europe (sud de la France, Espagne, Italie) connaît un stress hydrique* important, avec une demande supérieure à l’offre, nécessitant des réponses locales, des pratiques agricoles adaptées et une préservation renforcée des ressources.
*Stress hydrique : Pénurie d’eau ou déficit de précipitations, qui rend difficile l’accès à des sources d’eau douce pour une utilisation.
Quelles sont les pressions croissantes exercées sur la ressource en eau ?

• Le changement climatique perturbe la gestion de l’eau pour les agriculteurs : la hausse des températures augmente l’évapotranspiration*, accroît les besoins en irrigation et rend les précipitations plus irrégulières.
Sécheresses prolongées, orages violents, inondations, vagues de chaleur ou gels extrêmes perturbent la recharge des nappes, fragilisent les systèmes agricoles et accentuent l’instabilité hydrique, dans de nombreux milieux ruraux.
• La croissance démographique entraîne une hausse des besoins alimentaires, qui pousse à augmenter la production agricole et, par conséquent, les prélèvements en eau.
*Evapotranspiration : perte d’eau par le sol et les plantes.
Quels enjeux économiques, sociaux et environnementaux se posent aujourd’hui ?

L’accès à l’eau conditionne la capacité d’un pays à assurer sa production agricole. En cas de pénurie, les rendements chutent, les surfaces cultivées reculent, menaçant la sécurité alimentaire et la stabilité du secteur de l'agriculture.
Pour les agriculteurs, l’accès à l’eau est à la fois vital mais incertaine. Ils doivent s’adapter constamment, parfois via des investissements ou de nouvelles cultures, entraînant surcoûts, pertes et baisse de compétitivité.
Un prélèvement d’eau supérieur à la capacité de renouvellement des eaux souterraines et de surface perturbe les écosystèmes, d’autant que l’alternance de périodes de pluie excessive et de sécheresse renforce ces déséquilibres.
Comment le cadre réglementaire influence-t-il la dynamique collective ?

En France et en Europe, l’eau est un bien commun protégé par un cadre juridique fondé sur la durabilité, l’équité et les usages prioritaires (alimentation, agriculture, santé, environnement).
Les lois encadrent l’allocation, la surveillance et la préservation des ressources, conciliant usage agricole notamment pour l’irrigation et protection de l’environnement dans une perspective intergénérationnelle et durable.
La gouvernance de l’eau s’organise à l’échelle des bassins hydrographiques. Ce cadre permet d’adapter la gestion aux réalités territoriales et de coordonner les usages, tout en respectant le cycle naturel de l’eau.
Des acteurs locaux se mobilisent autour des enjeux de répartition, d’utilisation, de qualité, de quantité et de partage, à travers des projets collaboratifs, afin de préserver le bon état des ressources.
Au-delà des lois, une conscience collective est essentielle. De l’agriculteur au consommateur, chacun doit adopter des pratiques durables. Gérer l’eau de façon éthique et responsable est devenu un impératif pour assurer la résilience de l'agriculture et préserver les équilibres environnementaux.

La gestion de l’eau en agriculture s’inscrit dans une vision durable et collective. L’eau, ressource vitale et bien commun, doit être préservée face aux risques croissants liés à sa disponibilité irrégulière et sa qualité.
Changement climatique, sécurité alimentaire, viabilité économique des exploitations et protection de l’environnement imposent une vision systémique.
Il ne s’agit plus seulement de gérer l’eau au quotidien, mais de repenser profondément nos priorités d’usage : si l’eau potable reste essentielle, il faudra également en mobiliser davantage pour l’agriculture afin de nourrir les populations, plaçant ainsi les enjeux alimentaires et la sécurité nutritionnelle au cœur des priorités, au même titre que l’accès à l’eau potable.